Pourquoi je fais ce que je fais - Educateur Animal

Je n’ai jamais été un gars populaire ou très favorisé pour son apparence ou son entregent. J’avais très peu d’amis étant enfant, et c’était comme ça pendant mon adolescence en encore aujourd’hui à l’âge de 34 ans. J’étais un suiveux, personne ne me suivait. À l’âge de 11 ans environ, mes parents se sont divorcés. Je crois que ma mère, à tort, se sentait coupable pour ça. Elle a donc accepté que j’aie ma première chienne à moi, Missy.

Personne ne connaissait sa race, elle était de petite taille, une petite terrier de quelque sorte peut-être. Missy était ma première compagnonne de vie, la première à me suivre sans hésitation, la première à me faire sentir comme si je pouvais valoir quelque chose dans la vie de quelqu’un, bref… elle était la première « être »  à prendre le rôle de substitue d’enfant dans ma vie. Ma chienne était comme elle était. Aucun entrainement, pleine de problèmes de comportements… et je l’adorais pour tout ce qu’elle était et qu’elle représentait pour moi. En 2009, j’ai perdu ma meilleure amie. Elle avait près de 16 ans, je ne suis pas bon avec les dates. Sans la moindre exagération, c’était le pire moment de ma vie. Je n’entrerai pas dans les détails, mais encore aujourd’hui… c’est une douleur redoutable qui me revient. Rien ne changera ça.

Missy ne peut être remplacée. Mais le silence dans la maison renforçait le sentiment de solitude et de vide. Deux mois après son départ, je n’en pouvais plus. Je voulais un chien complètement contraire d’elle, je ne voulais pas qu’il me fasse penser à Missy du tout. Mon idée était d’avoir un gros chien, mâle, peu importe la couleur juste pas beige. Mon ami avait une boxer bringé-inversé, Toutoune. Je la trouvais donc belle et donc fine la petite Toutoune. J’ai adopté le plus beau boxer qui lui ressemblait, mon Kai! … d’amour chéri! Dès que je l’ai vue, en toute honnêteté, j’avais un sentiment qu’il avait beaucoup plus m’apprendre que moi j’avais à lui apprendre. Ce sentiment-là me tournait dans le ventre à partir du moment où je l’ai emmené en auto avec moi.

On ne peut pas se le cacher. Les responsabilités d’avoir un moyen ou grand chien sont différentes de ceux d’avoir un petit chien. Il n’était pas question que je perde contrôle de Kai. Le « dressage » de chiens était tout à fait inconnu pour moi. J’ai donc regardé dans l’annuaire pour le premier dresseur de chiens que je pouvais trouver. Je n’avais absolument aucune idée quoi demander à un dresseur. Donc j’ai dit oui à ses méthodes me disant qu’il savait mieux que moi. Sa méthode : aversion avec le maudit collier à piques!

J’ai commencé son cours vers la fin de l’hiver 2010. J’étais pas très confortable de donner des coups avec laisse pour que le collier saisisse Kai. Mais je m’étais convaincu qu’un petit coup comme ça ce n’est pas si pire, c’est mieux ça, qu’il ne m’écoute pas et finisse par se faire lutter ou euthanasier. Mais à chaque cours, il fallait donner un coup plus fort. La logique « plus il est tête de cochon, plus on tire fort ». Kai était supposément très tête de cochon… vous pouvez imaginer le reste.

Il y a des jours ou j’en revenais juste pas que c’est comme ça que l’on doit élever un chien! Il fallait que je fasse mal à cet être, tout nouveau dans ce monde, pur et sans malice. Je devais punir mon Kai parce qu’il n’apprenait pas. Pour qu’il se couche, je devais peser sur ses épaules avec tout mon poids, ce qui est considérable, contre sont petit corps de 5 mois pour qu’il s’effondre par terre… j’ai fait ça à mon bébé! Le petit être qui pouvait juste compter sur moi pour son bien-être. Il prenait son coup sans faire un son et me regardait avec ses beaux gros yeux bruns… à quoi ai-je pu pensé! C’est peut-être de l’anthropomorphisme, mais on aurait dit qu’il me disait « pourquoi tu me fais ça? » Encore aujourd’hui je deviens émotif a pensé que j’ai dû causé de la douleur à mon ami en pensant que c’est comme ça qu’on élève un chien. C’était une très mauvaise expérience pour moi et Kai et je suis rancunier envers le dresseur qui m’a montré cette technique. Je me sens comme si on a tiré avantage de ma naïveté et on a nuit à ma relation entre chien et ami-humain. Après cette expérience en « éducation » canine, j’ai tenté une autre méthode, le renforcement positif.

Même si on parle de voilà 6 ans, je crois que le renforcement positif n’était pas encore une notion bien comprise par les gens. Surtout pas dans la région de l’Outaouais! On voyait César Milan à la télé, se disant un pro du renforcement positif. Il faisait des miracles avec des chiens avec son intimidation! Wow! On peut faire ça avec un chien?! Donc j’écoute ce qu’il dit, j’achète ses livres, j’essaye ses techniques et j’espérais pour le mieux. J’avais de bonnes intentions, mais ça ne fonctionnait pas pour moi. Les méthodes étaient trop ambiguës pour moi. J’avais besoin d’instructions précises à suivre pour entraîner et pour modifier des comportements. C’était plaisant de voir les résultats de ses thérapies, mais je voulais aller au-delà et savoir comment le faire.

En me cherchant une âme sœur sur un site de rencontre, j’ai trouvé le profil d’une femme qui enseignait la santé animale à l’université de Guelph. En parlant de comportements canins, un sujet complètement nouveau pour moi, elle m’a suggéré de suivre le cours de Jacinthe Bouchard. « Jacinthe qui? ». En arrivant à la maison de cette rencontre, j’ai regardé quelques vidéos d’elle sur internet, et j’ai immédiatement été impressionné par non seulement son travail avec les animaux, mais la relation qu’elle avait avec les animaux. J’ai écouté des clips de radio dans lesquelles elle disait que je pouvais enseigner Kai, et non le dresser, et qu’il pouvait apprendre sans aucune punition! La SCIENCE était là pour démontrer les résultats concrets du renforcement positif et que le chien a une psychologie unique qu’on peut comprendre!

Pour moi, c’était comme un coup de masse dans le front. J’étais, et je suis encore parfois aujourd’hui, extrêmement négatif sur beaucoup de choses. Rien de bon ne pouvait m’arriver, j’avais perdu la seule blonde que j’ai eu dans ma vie, l’espoir d’avoir une famille à mon âge était perdu, etc. Je n’avais rien de bon à donner à personne et personne n’avait rien de bon à m’offrir dans tous les aspects de la vie. J’avais peur que Jacinthe prenne tout mon argent et me fasse un César Milan derrière les caméras. Mon chien c’était une « tête dure » que je ne pouvais pas dresser… c’est là où j’en étais dans mes pensées en entrant dans le cours de Jacinthe Bouchard.

J’en ai long à dire au sujet de Jacinthe, ses techniques, ce qu’elle m’a montré et appris, et la différence incroyable que tout cela à fait avec ma relation « love/hate » avec Kai… mais ça prendrait un article juste pour ça. L’expérience m’a laissé avec un brin de positivisme. Hmm, le positivisme. Dure à comprendre pour beaucoup de gens, mais c’était la première fois que j’avais un véritable sentiment positif.

À la fin de son cours, il y avait une présentation sur comment se partir en affaire dans le comportement canin. J’ai pris les notes et j’ai écouté, mais je ne pensais pas pouvoir en faire un métier… malgré que le métier m’intéressait beaucoup! J’étais juste content de pouvoir interagir et éduquer mon chien d’une façon qui améliorait notre relation détériorée par les méthodes d’entrainement punitives.

Quand je suis revenu chez moi de Montréal, je me suis créé un site, j’ai monté mon premier cours de maternel pour chiots et j’ai offert mes services de consultation en comportement canin. Je savais que je ne serais probablement jamais le meilleur entraîneur, mais que je pouvais quand même épargner la douleur aux humains et animaux causée par les méthodes punitives basées sur la dominance.

Je continue à m’éduquer sur le sujet du comportement canin à travers des livres, sites internet et des podcasts. Mon prochain objectif est d’assister à des séminaires dans le coin de Montréal et Laval (avec des gens comme Zuzia Kubica, Joel Dehasse, et autres!) bientôt pour me perfectionner. Mon but maintenant est de faire grandir une entreprise en éducation et en pension canine axée sur le bien-être physique et psychologique de l’animal et qui fait preuve de transparence et de connaissances.

Je ne serai peut-être jamais une Jacinthe Bouchard, un Joël Dehasse, une Karen Pryor ou un Ken Ramirez, je n’étais même pas un des meilleurs dans ma classe avec Jacinthe. Ce que j’ai est un amour et une passion pour les chiens. J’ai une reconnaissance envers eux pour tout le bien qu’ils ont fait dans ma vie. Mon chien c’est ma motivation pour continuer de vivre jour après jour… pensez ce que vous voulez de ça, je ne peux pas changer ma perception de ma relation avec Kai. De dire que ce n’est pas mon fils c’est comme me dire que le père Noël existe. Je pourrais aller voir un psychologue pour changer ça, mais je n’y vois aucun intérêt. Mon désir le plus profond et que mon chien mène la plus belle vie que je peux lui offrir pendant le si peu de temps qu’il sera avec moi. Si je peux faire la même chose pour les chiens de mes clients, je considère ça un privilège de pouvoir épargner du mal à un si bel être.


2016-03-11